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L’exigence de lucidité nous fait s’interroger sur le sens de nos actes, de nos paroles, de nos opinions alors que l’illusion prétend à montrer une image réelle mais en réalité trompeuse, un leurre magistral qui provoque une confusion entre le désir et la réalité.
Je crois que ce texte traite largement en quoi consistent les vices certains et les vertus possibles de l’illusion, à quelles conditions il est possible de se prémunir de l’illusion et enfin à s’interroger sur la signification profonde du désir de lucidité. A mon avis, cet idéal de lucidité se heurte à certaines difficultés. Il devient difficilement réalisable quand l’illusion est une sorte d’ignorance de soi et du monde extérieur. On peut sincèrement vouloir être lucide et s’illusionner sur sa propre lucidité ! Pour y parvenir il faut une bonne dose de force de caractère et surtout une volonté de rationalisation du réel. En fait, l’idéal de vérité est posé et rendu accessible par la raison. La vérité reste une idée de la raison, une valeur, et en faisant le pari de la raison on s’oppose ainsi aux séductions des préjugés, opinions, apparences et autres modes de la croyance et de l’illusion.
La finalité de la vie humaine est le bonheur. Toutes les pensées et les actions des hommes tendent vers ce but. Le bonheur dominé par l'illusion ne peut être qu'un bonheur factice, à la merci de la première désillusion venue. Nous savons que l’illusion nait du doute qui témoigne d'une incapacité, d'une impuissance qui prend la forme d'une faiblesse. Il est une défaite de la pensée devant la difficulté d'un problème que l'on ne se sent pas les moyens de résoudre. Il fait renoncer à la vérité et donc il devient conclusion. Vivre dans l’illusion c’est fuir notre responsabilité de Vie. Fuir par peur d'être ébloui par la lumière d'une vérité qui nous dépasse.
Sans vouloir trop définir il faudrait prendre conscience de la distance infranchissable présente entre le monde perçut et le monde réel. Ce que nous appelons réel est un ordre moral extérieur, le résultat d’un consensus présent dans la conscience collective. Ceci, même si nous admettons volontiers que les autres puissent soutenir des vérités différentes des nôtres, comme en témoigne l'expression courante : "à chacun sa vérité" qui est porteuse d'une double revendication, à la fois de vérité et de liberté. Ceci simplement parce qu'il y a plusieurs vérités car nous n’avons pas tous la même perception du monde extérieur.
Donc, valoriser la lucidité, comme capacité à "regarder la réalité en face " c’est dénoncer l’illusion comme négative et dangereuse, un mal qui emprisonne les hommes, qui les détourne de la réalité et leur interdit de pouvoir connaître la vérité et vivre dans le monde réel... Je suis persuadée que bon nombre de personnes ne font pas le choix de vivre dans l’illusion. Ils la subissent mais ne la choisissent pas. Certains sont heureux dans leur vie utopique, elle leur plait. Voilà pourquoi je me pose la question…L’illusion n’a-t-elle pas cette fonction possible d’être salutaire, d’aider à accepter l’inacceptable ? L’illusion ne protègerait-elle pas du désespoir et du vide de l’existence ? La réponse est paradoxale …et s’il fallait échapper un moment à la réalité pour mieux l’affronter ?
Bref, to make short work of this subject, je pense que la vérité la plus précieuse est au fond de notre cœur comme le dit implicitement Ness. A chacun de partir en quête de sa vérité intérieure, celle qui apporte le bonheur, le vrai, pas celui que la société veut nous vendre pour alimenter le système absurde qui la fait fonctionner. On peut vivre dans ses illusions, refuser la vérité, mais à condition de ne pas berner les autres. L’illusion berce et ôte l’envie d’être combatif. Mais aussi, l'illusion console, protège, enthousiasme - bref, elle permet le bonheur artificiel, c’est ce qui la rend incompatible avec la réalité lorsque celle-ci n’est pas conforme à nos attentes. Vouloir donc le vrai bonheur nécessite une réflexion sur soi, sa relation aux autres et sa propre relation à soi. C’est la seule manière d’accéder a la liberté qui elle-même donne accès au désirable absolu. L’idéal serait de posséder le libre arbitre, le droit de choisir, d’être le propre auteur de nos actes pour construire son bonheur selon sa propre définition. Or la réalité est pavée d’obstacles, d’embuches, d’événements heureux, malheureux, de l’imprévisible, du déroutant…. Voila pourquoi tous les hommes ne désirent pas la sagesse, ils ont tendance à imaginer, à rêver le réel et non à le voir tel qu’il est, ils préfèrent tout simplement se réfugier dans le confort et le réconfort de l’illusion….
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Il est dit que l’idéal de la sagesse consiste à vivre sans illusions… Il serait matériellement possible, voire même moralement souhaitable de le faire, de conduire son existence sans jamais se laisser séduire par des apparences, par des images fausses de la réalité, mais au contraire, de s’efforcer d’être lucide. Mais cet idéal de lucidité, de vérité est-il accessible ? Est-il vraiment possible de supprimer toute forme d’illusion ? Car même si l’illusion est considérée comme négative et dangereuse, en cela qu’elle détourne de la réalité et interdit de connaître la vérité, n’a-t-elle pas aussi cette fonction salutaire d’aider à supporter l’insupportable? A-t-on toujours le courage de supporter d’un regard serein tout ce qu’il y a de cruel, de difficile, d’inhumain dans le réel, à savoir dans la nature comme dans la société, hors de nous comme en nous? De sorte qu’on pourrait très bien, pour vivre, préférer une illusion rassurante à une vérité désespérante...
Le plus souvent, « la réalité » est un mot qui est employé dans l’attitude naturelle pour désigner l’ordre des faits et l’ordre des choses qui s’imposent massivement à nous. C’est l’agression que l’on subi tous les jours à travers les événements de l’actualité qui ne fait que confirmer le sentiment que nous vivons dans un monde de lutte, de séparation, de rivalité, de violence, dans un monde qui est réel par la difficulté d’y vivre. Cette réalité est très humaine, et cette représentation de la réalité est souvent conflictuelle, violente et cruelle. A partir du moment où on pense la réalité de cette façon, on est obligé de trouver une porte de sortie pour évacuer le malaise et la difficulté à exister dans cette réalité. Et si malgré les efforts déployés pour dépasser, élever, transfigurer cette réalité, il y a échec… Alors, tous les moyens sont bons pour fuir dans un ailleurs plus agréable…..l’illusion !
L’illusion est donc un moyen d’évasion dont la seule fonction serait de faire oublier cette réalité terne, brutale dans laquelle nous vivons. L’illusion a cela de positif qu’elle est une croyance qui permet de recouvrir la réalité du voile réconfortant de nos désirs, de nos rêves, de nos espoirs. C’est ce qui lui donne sa force dynamisante : elle permet d’espérer que le réel finira par se conformer à notre désir. C’est cette vertu salutaire de l’illusion qui aide à supporter la vie dans ce qu’elle a de cruel, d’inhumain, de grandiose et d’écrasant, d’injuste aussi (la mort, la maladie, la violence, la nature tout entière et le déchaînement de ses forces).
La réalité n’est pas là pour nous détourner de la vie, mais au contraire, pour nous y ramener par le biais de sensibilité. Le mot même de réalité, prononcé dans l’opinion n’a pas du tout de connotation positive, c’est plutôt un constat accablant. Et puisque le mot « réalité » comporte une ambiguïté, alors préférons-lui un autre mot, la « Vie ». Elle implique une conception d’un impayable conformisme : à en croire tous ces gens qui se disent « réalistes », tout ce qui compte, c’est de « s’intégrer » à la société.
La réalité, c’est oppressant par nature. Elle est terne, monotone, abrutissante, souvent absurde, mais c’est comme çà…. Ce défaitisme, on le sent très présent chez beaucoup de gens. Il est sous-entendu que la réalité, telle que nous la pensons dans l'attitude naturelle, tient dans une formule, la vie est une lutte.
Cette réalité, la réalité empirique n’existe pas toute seule. Ce n’est pas une « idée innée ». Elle est pensée, choisie, voulue, elle est aussi l’effet d’un conditionnement social. Elle suppose des observateurs humains, une expérience humaine. Elle est le résultat d’un consensus présent dans la conscience collective. C'est ce consensus qui est notre réalité. Cela nous l’oublions trop souvent.
Si l'illusion se distingue de l'erreur par le fait qu'elle n'est pas nécessairement fausse, elle ne se dissipe pas à la lumière de la vérité. L’illusion est donc plus dangereuse que l’erreur car elle ne procède pas d’une simple ignorance -facile à corriger- mais d’un désir (conscient ou non) d’ignorer le réel. Par exemple dans une passion amoureuse qui consiste à idéaliser l’être aimé, il y a une part essentielle de désir qui donne à l’illusion toute sa force apaisante et consolatrice. L’amour comporte sans doute une part d’illusion, comment pourrait-on aimer quelqu’un sans croire à ses qualités, sans l’idéaliser ? Cela ne veut pas dire qu’il faut chasser toute part de rêve en nous, mais le désenchantement guette toujours.... Non seulement l’illusion menace sans cesse du chagrin de la déception (quand la réalité s’impose à nous, le voile se déchire en nous), mais encore elle nous enferme sur nous-mêmes...
L'illusion est en chacun de nous, pour échapper à une réalité bien trop décevante, on se tourne donc vers une représentation qui relève du fantasme. C’est un peu comme si, par le biais de l’illusion, nous cherchions à réintroduire le monde du rêve dans l’état de veille. Nous avons besoin d’un au-delà de la vie pour nous faire oublier la vie. Mais fuir la réalité, n’est-ce pas là le signe d’un profond malaise installé au cœur de la vie ? Le besoin de fuir la réalité dans l’illusion n’en est-il pas le symptôme ? Dans un monde dominé par la représentation objective de la science, dans un monde où la vérité devient accablante, dans un monde où le nihilisme montre son visage hideux, l’illusion masque la vérité blessante du monde. L’illusion répondrait alors à une nécessité de survie et serait donc une sorte d’exutoire, permettant de conjurer les tendances du nihilisme.
Mais la démarche de combattre l’illusion demeure valable, au nom de la liberté de penser par soi-même et pour soi-même, pour vivre libre et non pas sous la dictature du on, de l’opinion. Car la connaissance qui libère des préjugés nous ouvre à d’autres manières de vivre, de croire, de penser, de relativiser l’idéal de sagesse comme possibilité d’atteindre une lucidité totale. L’illusion, loin d’être le véhicule de la fuite, pourrait être ce pas qui nous ramène au sein du Réel, au sein de la Vie, de sa Joie d’être et de ses souffrances, de son éternel jeu avec elle-même et son expérience pathétique.
En conclusion, est-il possible et même souhaitable de vivre sans illusion? Peut-être cet idéal n’est-il jamais complètement accessible, peut-être que la vérité ultime des choses nous échappera toujours, en partie ou totalement. Pourtant, le choix est le suivant: ou bien accepter le réconfort de l’illusion ou bien en refuser les chimères. La question est celle d’un principe fondamental, dans la vie et dans la connaissance : que préférons-nous ? L’ordre de nos désirs ou l’ordre du monde ? Cette quête inlassable de la vérité, du sens des choses humaines, constitue la possibilité pour l’être humain de progresser vers lui-même, et aussi de rencontrer et d’essayer de maîtriser le monde tel qu’il est, avec ses aspects heureux et ses aspects malheureux et, peut-être, au bout du compte, d’accéder par ses propres forces au bonheur et à la liberté. Le jeu n’en vaut-il pas la peine ?
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Le temps
Se tend
S'étend
100 ans
Se déroule
S'écoule
Déboule
Comptant...
Te vole
S'envole
Survole
L'instant
Il passe
T'enlace
Te dépasse
Constant……
Le temps
Ce taon
Harponne
Sans vergogne
N'attend pas
N'entend pas
N'étend pas
Le présent...
Il file
Défile
Agile
latent
Il blesse
Caresse
Progresse
Tout le temps……
Autant
De temps
D'instants
Distants
Hésitants
Seulement
Gâchés
Manqués….
Plus rien
Qui vient
Qui tient
Pourtant
J'attends
Autant
Du temps
Passant....
Le temps
Tant et tant
Tant et tant
Tant et tant
Entêtant ...
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