• Un billet de banque à la place du cœur..

     

    Acariâtre, une vie dédiée  au culte de l’argent, elle vit à côté de   l’humain; son rapport à lui se mesure à l’aune de sa bourse. Rien ne l’ébranle hormis le scintillement des pièces de monnaie et les liasses de billets de banque.

    Elle scrute les gens du haut de son porte-monnaie et fabrique l’expression de son visage selon que la personne rencontrée est aisée ou non, susceptible de l’intéresser ou pas.

    Depuis deux ans exactement que je la croise et l’entends quotidiennement, elle n’a pas changé, Ni son époux, ni ses enfants n’émettent un quelconque avis : c’est elle qui décide et c’est elle qui tranche. Femme frêle, on a du mal à imaginer que derrière sa carapace vulnérable, se cache un monstre argentier prêt à casser de l’humain.

    Pas d’état d’âme, pas de cœur, les yeux qui scrutent la moindre erreur, le moindre faux –pas de ceux qui s’introduisent dans sa propriété dont une partie est louée.

    Elle passe son temps à surveiller les allées et venues de ses locataires et prend le plus grand soin de son bien, source de son enrichissement.

    Lorsque quelqu’un  lui devient désagréable pour des raisons strictement subjectives, et bien tous les prétextes sont bons pour l’inviter à quitter les lieux, y compris les subterfuges amoraux,

    Ses bonnes manières feintes disparaissent et l’on voit apparaître un rictus sur son visage qui en dit long sur son mépris à l’encontre de celui-là même qui la rétribuait.

    Tout est effacé, la vile attitude et le langage grossier prennent place :  il est pédé, il est sale, il fréquente des gens sans scrupules, bref toute la panoplie avilissante pour justifier son comportement ignoble..

    Avec ses domestiques, elle ne parle pas : elle hurle, elle vocifère, elle ordonne. Sa voix porte loin, stridente. Pauvres âmes contraintes de trimer sous ses injonctions. Elle leur en veut tellement d’alléger son porte-monnaie pour les rémunérer de leurs efforts.

     La première femme de ménage qu’elle avait jusqu’ en 2008 a été sa rivale, son ennemie, une guerre des mots  au quotidien car  cette dame âgée, malade  ne se laissait pas écraser mais avait besoin de ce salaire pour élever seule ses enfants. Traînant la jambe constamment bandée, elle pleure de rage de sa destinée mais a toujours gardé sa dignité et sa fierté.

     Elle a fini par la chasser suite une grippe  qui l’avait contrainte à garder le lit plusieurs jours. Elle ne l’a jamais déclarée à l assurance, lui payait un salaire de misère et pourtant elle était à son service  durant plus de 20 ans.  

    Elle l’a remplacée par une dame handicapée, muette, sourde et légèrement déficiente mentale. Elle s’échine à la besogne toute la journée, les pieds nus malgré un froid qui  taillade la peau. La parade trouvée: une femme qui ne riposte pas à ses invectives et rase le sol.

    Ah ! Misère !!

    Si elle pouvait faire naître un peu de compassion pour  son prochain.

    Si elle pouvait avoir le même intérêt à l’humain que  celui qu’elle accorde à ses biens matériels.

    Si elle pouvait acheter avec son argent un peu d’humanité et de générosité à l’égard de ses semblables.

    Si elle pouvait voir l’humain dans ce qu’il a de noble, de valorisant et de digne, Si elle pouvait se rapprocher de l’humain, si elle pouvait aimer l’humain, elle deviendrait sûrement humaine,..

    Avec des si, on referait le monde.

     


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